Publié le 24 Mai 2015

Marie-José Chombart de Lauwe (Copyright Le JDD).

Marie-José Chombart de Lauwe (Copyright Le JDD).

Elle se tient par terre, au milieu des fleurs de son jardin d’Antony. « M’asseoir dans l’herbe m’a beaucoup aidé au retour des camps, glisse la vieille dame. Là-bas, le moindre brin d’herbe, on l’arrachait pour le dévorer ».

 

A la voir se relever d’un bond, s’accroupir pour attraper un dossier, dérouler sans faiblir le fil de sa mémoire sans céder à l’émotion, en tenant droit ses grands yeux clairs dans les vôtres, difficile de croire que cette nonagénaire a survécu à l’enfer nazi. Marie-José Chombart de Lauwe fut déportée à Ravensbrück en même temps que Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle, qui entreront au Panthéon le 27 mai et dont un livre fait revive l’engagement (Dialogues, aux Editions Plon). Dans ses mémoires qui sortent ce mois aux Editions Flammarion, document bouleversant de sincérité, le matricule 21706 raconte l’horreur nue des camps, et pourtant ses pages prennent parfois des accents d’hymne à la vie.

 

Yvette, ou plutôt Marie-José (son deuxième prénom) Wilborts avait 17 ans, vivait une existence pour le moins sans histoire autour de son « royaume d’enfance », l’île de Bréhat, en Bretagne, quand elle entra en résistance, en 1940, en suivant  un engrenage familial. Avec un religieux, Jean-Baptiste Legeay – qui sera décapité à Cologne, en 1943, à 46 ans – sa mère, Suzanne Wilborts, sous le nom de « Sidonie Gibbons », rallie son mari – qui ne survivra pas à Buchenwald – et ses filles. Ce réseau informel se structure grâce au soutien de l’Intelligence Service, mais finit par imploser, dynamité par le contre-espionnage allemand. Le 22 mai 1943, « Marie-Jo » est arrêtée par la Gestapo.

 

Elle est déportée pendant près de deux ans. Une barbarie que Marie-José Chombart de Lauwe décrit presque au jour le jour. Car elle a tout noté quelques mois après son retour. Les exécutions, les souffrances, les humiliations, tout est consigné sur un cahier d’écolier. Il ne manque aucun détail, comme ce jour où les SS réveillent leurs prisonnières au milieu de la nuit, en hiver, pour « désinfecter le camp ». « Deux heures durant, entassées nues les unes contre les autres, nous attendons, témoigne la survivante. Puis on nous asperge de la tête aux pieds d’une sorte de pétrole huileux. On nous donne une chemise, une culotte, une robe de toile et une veste. On nous jette dehors alors qu’il gèle ». Le Mal distille son venin au quotidien. En interdisant aux travailleuses, par exemple, de quitter la chaîne de production pour aller aux WC hors de heures réglementaires ; or toutes souffrent de dysenterie. « Nous nous tordons sur place et attendant la pause ou l’accident, se souvient-elle. C’est un supplice et une humiliation ». Mais tout cela n’est rien par rapport à la Kinderzimmer, la nurserie du camp à laquelle le matricule 21706 sera affecté et qui reste une blessure à vif – ce passage du récit est insoutenable.

 

De retour des camps, « Marie-Jo » rencontre Paul-Henry Chombart de Lauwe, qui, aux commandes de son Spitfire, appuya le débarquement en Italie et en Provence, puis devint l’un des plus grands ethnologues du CNRS. Ensemble, ils auront quatre enfants. Ensemble, ils s’engageront, dans le sillage de Témoignage Chrétien, contre l’Algérie française et l’OAS.

 

Depuis la disparition de Paul-Henry, en 1998, Marie-José poursuit la lutte seule, multipliant les conférences dans les écoles, s’engageant pour la protection de l’enfance et contre l’extrême droite, dont elle surveille les moindres faits et gestes. La vieille dame ne baissera jamais la garde. Jamais.

 

Jérôme Cordelier

© Le Point

 

 

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Publié le 15 Mai 2015

Jean-Louis Crémieux-Brilhac (Copyright Paris Match).

Jean-Louis Crémieux-Brilhac (Copyright Paris Match).

Né le 22 janvier 1917 à Colombes, Jean-Louis Crémieux-Brilhac est mort à Paris le 8 avril 2015.

 

Cour des Invalides, le 15 avril 2015, discours de François Hollande, président de la République :

 

« Nous sommes rassemblés ici, autour du cercueil de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, parce que c'était un grand Français, disparu après une longue vie mise au service de la République, qui lui avait d'ailleurs décerné, avant qu’il ne meure, la Grand Croix de la Légion d’Honneur. 

Jean-Louis Crémieux-Brilhac était un homme de devoir, il l’avait montré. C’était un homme de savoir, il le démontrait. Avec le temps, il était devenu un homme de mémoire. 

De son époque, longue, il avait tout vu, tout vécu, tout connu : le premier et le second Conflit mondial ; les camps de prisonniers allemands et les prisons soviétiques ; à 20 ans, il avait rencontré André Malraux et Stefan Zweig ; à 30 ans, il avait servi le Général de Gaulle à Londres ; à 40 ans, il avait suivi Pierre Mendès-France au pouvoir. Jusqu’à la fin de sa vie, il continuait d’écrire l’Histoire, après l’avoir faite. 

Jean-Louis Crémieux était un enfant de la République, c'est ainsi qu’il se définissait lui-même. Dans sa famille, on était républicain, évidemment, et citoyen, passionnément. Son père était un professeur, mais c’était aussi un ancien combattant de la Grande guerre. Il avait emmené son fils, Jean-Louis, aux obsèques d’Anatole France et du Maréchal Foch, comme pour réconcilier la France. 

Adolescent, il a vu la montée des périls et la France s’enfoncer dans ses querelles. De son éducation, il avait retenu qu’il n’y avait rien de plus digne que de servir la collectivité, et c'est cette passion civique qui l’aura finalement guidé tout au long de son existence. 

Il se destinait à devenir historien, et c'est l’Histoire qui l’a rattrapé. En 1940, il est mobilisé, il se bat avec courage lors de la campagne de France, mais il n’a pas le temps, pas le temps de sauver son pays. Il voit le spectacle de l’effondrement, de l’abaissement, et c'est cette situation éprouvante qu’il a voulu comprendre, pour en déchiffrer les raisons. 

Il a dénoncé tant de fois cette France anémiée, divisée, rongée par le défaitisme et la tentation de l’extrême. Il en avait tiré une conviction, elle était simple : c'est lorsque la France doute d’elle-même, lorsqu’elle se renferme, lorsqu’elle se referme, qu’elle cesse de se projeter, que la France cesse d’être la France. 

En pleine débâcle, lui, il avait tenu sa position. Ensuite, prisonnier en Allemagne, puis retenu en Russie, il parvint à rejoindre Londres, après un périple de plus de huit mois, avec 185 autres Français. Ils furent pour le Général de Gaulle, à Londres, l’un des plus importants renforts depuis les hommes de l’île de Sein. 

Libre et Français, Jean-Louis Crémieux l’avait toujours été. A Londres, il devint Crémieux-Brilhac. Brilhac, un pseudonyme qu’il avait choisi, en souvenir de la rue où, en mars 1940, il avait vécu les premières semaines de son mariage avec sa femme Monique. 

Pour parler de la France libre, Jean-Louis Crémieux-Brilhac aimait à emprunter les mots de Stendhal sur l’armée d’Italie de 1796. « On n’y eut pas trouvé 30 000 hommes, ayant plus de 30 ans. J’ajouterais, disait-il, une parole imprudente : ils n’étaient pas des gens du monde. » C’était la France des volontaires venus à Londres et aussi de l’Afrique, ces 30 000 volontaires de l’Empire qui formaient la moitié des troupes du général de Gaulle. C'est cette France-là que Jean-Louis Crémieux-Brilhac a voulu sortir de l’oubli, lorsqu’il a publié 1 500 pages de l’histoire de la France libre. 

Il a montré comment le Général de Gaulle a constitué cette utopie combattante « avec des bouts d’allumettes ». Il a raconté comment elle est devenue cet élan fantastique insufflé dans le corps rompu de la France. Il a rappelé qu’elle fut aussi une extraordinaire régénération politique, la matrice où la République s'est réinventée à la Libération plus sociale et plus démocratique. 

Dans cette petite République fraternelle de la France libre, Jean-Louis Crémieux-Brilhac était le responsable de la propagande. Il écoutait les émissions de l’ennemi, il recevait les nouvelles du front, et les rediffusait vers la France occupée. 

Tous les mois, il rédigeait un bulletin à l’intention de Rex, le chef de la Délégation générale clandestine. Longtemps, il a ignoré qui était Rex et qui se cachait derrière ce pseudonyme, pour découvrir ensuite qu’il s’agissait de Jean Moulin. 

En février 1944, il écrivit un article qui dénonçait l’extermination de trois millions de juifs d’Europe de l’Est « dans des chambres asphyxiantes ». Il fut hélas l’un des premiers à alerter. Lorsque le jour du débarquement est venu, il eut cet honneur de rédiger les messages de la BBC, à l’intention de l’opinion française. 

Dans cette période exaltante qui marqua sa vie, il considéra qu’il n’avait qu’un regret, celui de ne pas avoir connu la clandestinité. Il aurait dû en effet être parachuté sur le maquis de l’Ain, à l’été 1944, avec deux officiers, l’un américain et l’autre anglais. L’Anglais ne s’était pas présenté à l’heure, et le rendez-vous fut manqué, et il dut attendre Paris libéré pour participer à son tour à la libération de notre pays. 

La guerre terminée, Jean-Louis Crémieux-Brilhac devint fonctionnaire, avec une belle idée : promouvoir et diffuser le savoir. Il imagina alors en 1945 la Documentation française, pour que la reconstruction du pays se fasse aussi par la connaissance. Il voulait une maison d’édition de service public, créée pour donner aux citoyens, des faits, des chiffres, des analyses, des outils de compréhension sur les grandes questions, économiques, sociales, diplomatiques, politiques. 

Il voulait créer un instrument d’information, de transparence, de réflexion, pour une République moderne. Il ne s’agissait plus de propagande comme sous la France libre, il s’agissait de connaissances, de savoir, d’information. 

Il s’attacha à cette maison de la Documentation française, pendant plus de 30 ans. Il en fut le dirigeant. Il l’a modernisée, informatisée, représentée. Pour toute une génération de responsables publics, de fonctionnaires, dont je suis, il a été l’âme de la Documentation Française, celui qui a porté cette volonté inédite de l’Etat de s’ouvrir aux débats publics et d’aider à la compréhension du monde. 

L’homme qui incarnait à ses yeux cette République moderne, transparente, exigeante, savante, c’était Pierre Mendès-France. Jean-Louis Crémieux-Brilhac fut auprès de Pierre Mendès-France celui qui définit la stratégie publique pour la recherche en France. Il pensait que ce qui faisait la force de la France, c’étaient ses savants, c'était la science, c’était cette capacité à découvrir. 

Il travailla pour promouvoir cette belle idée du progrès, à travers l’Association d’étude pour l’expansion de la recherche scientifique. Il le fit avec Jacques Monod, le futur prix Nobel. Cette association était originale : elle était composée d’industriels, de chercheurs, de syndicalistes. Elle était placée sous le haut patronage de Pierre Mendès-France et fut un aiguillon pour les pouvoirs publics. 

Jean-Louis Crémieux-Brilhac en fut le secrétaire général, et à ce titre, il fut associé, tout au long de la Vème République, avec le Général de Gaulle, puis Georges Pompidou, aux grandes réformes scientifiques : la création de la Délégation générale de la recherche scientifique, la modernisation des universités, le développement de secteurs jusqu’à lors délaissés comme la biologie, les recherches médicales, l’agronomie. Tout cela est dû aussi à la promotion de la science dont Jean-Louis Crémieux-Brilhac fut un des acteurs. 

En 1986, il prit sa retraite du Conseil d’Etat, et s’ouvrit pour lui une nouvelle carrière, celle dont il avait rêvé, jeune : historien. Historien parce qu’il voulait expliquer, chercher, comprendre, éclairer le présent en cherchant dans le passé ce qui avait pu nous encombrer, nous entraver ou au contraire, nous élever. 

Il revint régulièrement sur « les Français de l’an 40 ». Il y a consacré huit ans de sa vie, et il ne voulait, pour être exhaustif, pour n’oublier personne, aucun fait, aucun visage, il voulait accomplir ce travail, en mémoire de ses frères d’armes de la France libre. Il voulait aussi tout montrer. C'est ainsi que Crémieux-Brilhac, à la fin de sa vie, fut aussi producteur de documents, réalisateurs de documentaires audiovisuels, toujours avec cette même passion : ressusciter l’Histoire et mobiliser les générations d’aujourd'hui, pour qu’elles soient à la hauteur des précédentes. 

Il s’attachait aussi à des personnages qu’il avait lui-même connus. En 2010, il publia une biographie de Georges Boris. Georges Boris, une grande figure républicaine, qu’il avait connu à Londres, et qui avait successivement servi Léon Blum, Charles de Gaulle et Pierre Mendès-France. C'est pour ce livre consacré à Georges Boris son ami qu’il obtint la récompense qui lui toucha davantage le cœur que l’esprit. C’était le prix d’Histoire du Sénat, parce que ce prix avait une valeur particulière pour lui, c’était la reconnaissance par les historiens, de son travail d’historien. 

Aujourd'hui, Jean-Louis Crémieux-Brilhac est dans l’Histoire. Nous sommes autour de lui, dans cette Cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, où il a accompagné lui-même tant de Français libres, tant de compagnons de lutte. 

Le 10 avril 2012, j’y étais, c'est lui qui prononçait l’éloge funèbre, ici, de Raymond Aubrac. Le 7 mars 2013, c'est lui aussi qui prononça le discours en hommage à Stéphane Hessel. A chaque fois, c’était le même mot qui revenait dans sa bouche, celui de fraternité. La fraternité d’âme des derniers témoins, de ceux « qui connaissent tellement plus de morts que de vivants ». 

Au moment de dire adieu à son ami Raymond Aubrac, Jean-Louis Crémieux-Brilhac avait retrouvé les derniers mots de la Complainte du partisan, d’Emmanuel d'Astier de La Vigerie : « Hier encore nous étions trois / Il ne reste plus que moi / Et je tourne en rond / Dans les prisons des frontières / Le souffle sur les tombes / La liberté reviendra / On nous oubliera / Nous rentrerons dans l’ombre ». 

Jean-Louis Crémieux-Brilhac ne rentrera pas dans l’ombre, parce qu’il était une lumière. Jean-Louis Crémieux-Brilhac avait connu tant d’événements, avait connu tant de personnages, avait connu trois Républiques et quinze présidents. Il en avait gardé comme une forme de détachement, et en même temps d’engagement. 

Dans sa vie, longue, il s’était fait un devoir, qui se résumait dans cette belle phrase, que je laisse à la méditation des plus jeunes : « Quand on habite la patrie des Droits de l’Homme, on a une responsabilité, celle de l’engagement ». 

Jean-Louis Crémieux-Brilhac s’est engagé tout au long de sa vie, et c'est ce message-là, ce message de l’engagement, qu’il nous laisse aujourd'hui, et que nous entendons encore ».

 

© Présidence de la République française

 

 

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Publié le 7 Mai 2015

Les Compagnons de la Libération des Hauts-de-Seine : Bernard Saint-Hillier de Vanves.

Biographie.

Fils de colonel d’infanterie, Bernard Saint-Hillier est né le 29 décembre 1911 à Dôle dans le Jura.

Après des études secondaires au lycée Michelet à Vanves, puis au Prytanée militaire de La Flèche, il entre à Saint-Cyr en 1931. Il en sort deux années plus tard, sous-lieutenant, et est affecté au 11e bataillon de chasseurs alpins. Lieutenant en 1935, il entre à la Légion étrangère en 1938, au 1er régiment étranger d’infanterie.

En avril – mai 1940, il participe, avec la 13e demi-brigade la Légion étrangère (13e DBLE) à l’expédition de Narvik, en Norvège, pour y déloger les Allemands et couper la fameuse route de l’acier en provenance de Suède. Bernard Saint-Hillier est blessé d’un éclat de bombe à l’occasion de cette opération.

Avec son unité, il est évacué vers l’Angleterre et il s’engage le 1er juillet 1940 dans les Forces Françaises Libres (FFL) sous le nom de Jean de Vienne. Capitaine en août 1940, il prend part à l’expédition de Dakar, où il doit renoncer à débarquer et rebrousser chemin après que les navires des Forces Navales Françaises Libres eurent essuyé les tirs des Français de la garnison de cette ville restée fidèle au maréchal Pétain et au régime de Vichy. Mais il finit par débarquer au Cameroun et, avec la Brigade française d’Orient, prend part aux combats en Erythrée contre les Italiens. Le 26 mars 1941, il fait 80 prisonniers. En avril, lors de la prise de Massaoua, il réussit, par une habile manœuvre, à faire encore plus de 150 prisonniers.

Il remplace par intérim le colonel Koenig comme chef d’Etat-major de la Brigade.

Adjoint du chef de bataillon Amilakvari, commandant le 1er BLE, pendant la campagne de Syrie, il participe brillamment, en Lybie, à la défense de Bir-Hakeim. (mai – juin 1942). Au cours de la bataille d’El Alamein, les 23 et 24 octobre 1942, il se signale par sa bravoure au moment de la prise temporaire de la position de l’Himeimat. Le 4 novembre 1942, il est blessé par une mine alors qu’il effectue une reconnaissance sur la cote 101 et qu’il règle des mouvements de canons antichars.

Après le campagne de Tunisie, en juin 1943, Bernard Saint-Hillier reçoit les galons de chef de bataillon. Nommé chef d’Etat-major de la 1ère Division française libre sous les ordres du général Brosset en septembre 1943, il débarque en Italie en avril 1944, puis en France, à Cavalaire, le 16 août 1944.

Après la remontée de la vallée du Rhône, à la tête de ses légionnaires, il libère Ronchamp. Il est de nouveau blessé par un éclat d’obus devant Belfort le 4 octobre et assure le commandement de la 1ère DFL entre la mort du général Brosset et la désignation du général Garbay pendant l’offensive au nord de Belfort. Promu lieutenant-colonel à trente-trois ans, le 5 décembre 1944, neuf fois cité et quatre fois blessé, Bernard Saint-Hillier prend, le 25 mars 1945, le commandement de la 13e DBLE et termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l’Authion.

En 1946, il est affecté au Secrétariat général du Ministère des Armées avant de suivre les cours de l’Ecole supérieure de guerre et du Cours supérieurs interarmées (1947-1948). En poste à l’Etat-major général des Forces armées (1949), promu au grade de colonel (1951), il est affecté au Collège de défense de l’OTAN (1952) puis au commandement du 18e régiment parachutiste.

De 1954 à 1955, Bernard Saint-Hillier commande le Groupement aéroporté n°1 en Indochine.

Chef d’Etat-major à l’Inspection générale de l’Infanterie en 1956, il sert à l’Etat-major de Londres pour la préparation de l’expédition d’Egypte (Suez) à laquelle il prend part. En 1957, il se trouve au Centre des hautes Etudes militaires (CHEM) puis à l’Institut des Hautes Etudes de Défense nationale (IHEDN).

En 1958, il chef d’Etat-major du Corps d’Armée de Constantine avant de recevoir ses étoiles de général de brigade en 1959. Chef de cabinet du Ministre des Armées, il reçoit en mai 1960 le commandement de la 10e Division parachutiste en Algérie. Il est arrêté par les mutins au moment du putsch d’avril 1961 et interné à In Salah.

Représentant militaire français auprès du Commandement suprême allié en Europe (1962-1968), le général Saint-Hillier est promu général de division (1965) et reçoit la charge de l’Inspection technique du Personnel des Réserves de l’Armée de Terre (1966-1968). Général de corps d’armée en 1968, il commande alors la 3e Région militaire à Rennes jusqu’en 1971 et est membre titulaire du Conseil supérieur de la Guerre (1968-1971). Le 30 avril 1990, à Aubagne, à l’occasion de l’anniversaire de la Légion (Camerone), il a l’honneur d’être choisi pour porter la main du capitaine Danjou. Président de l’Amicale de la 1ère Division française libre, il est l’auteur de nombreux articles et ouvrage historiques.

Bernard Saint-Hillier est décédé le 28 juillet 2004 à Paris. Il est inhumé à Vanves dans les Hauts-de-Seine.

Décorations.

  • Grand Croix de la Légion d’Honneur.
  • Compagnon de la Libération – décret du 27 mai 1943.
  • Croix de Guerre 39-45 (9 citations).
  • Croix de la Valeur militaire (2 citations).
  • Médaille de la Résistance.
  • Croix du Combattant 39-45.
  • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance.
  • Médaille Coloniale avec agrafes « Erythrée », « Libye », « Bir-Hakeim », « Tunisie ».
  • Médaille de l’Aéronautique.
  • Médaille Commémorative 39-45.
  • Médaille des Blessés.
  • Distinguished Service Order (Royaume-Uni).
  • Croix de Guerre (Norvège).
  • Croix de Guerre (Brésil).
  • Grand Officier de l’Etoile d’Anjouan.
  • Commandeur du Nicham Iftikar.
  • Commandeur de l’Etoile Noire (Bénin).

Publications.

  • De Byzance à Byzance par l’atome, Berger-Levrault, Paris 1957.
  • Bir-Hakeim 1942. Sur les traces de la première légion romaine, ECPA, 1992.
  • Le cinquantenaire de Bir-Hakeim, 26 mai 1942-11 juin 1942, Délégation à la Mémoire et à l’information historique, paris 1992.
  • Les premiers soldats du général de Gaulle, Editions La Bruyère, Paris 2000.
  • Les Soutiers de la Gloire, Ed. Le Publieur, Paris 2004.

© Ordre de la Libération.

Source :

Musée de l’Ordre de la Libération et site : www.ordredelaliberation.fr

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Publié le 3 Mai 2015

Vaucresson et Martelange unis depuis le 7 août 1914.

Hommage au brigadier Georges Martel et au cavalier de 1ère classe Henri Pecchini, de Vaucresson, premiers morts de la Grande guerre en territoire belge.

 

Depuis le 11 novembre 2014 une plaque distingue le tombeau de la famille Martel au cimetière de Vaucresson, dans les Hauts-de-Seine. L'écriteau mentionne que le monument  en pierre grise renferme les cercueils de deux combattants de la Première Guerre Mondiale : le brigadier Georges Martel et le cavalier de première Classe Henri Pecchini.

 

Ces deux soldats français sont les premiers à avoir perdu la vie en Belgique le 7 Août 1914. Si l'Histoire a bien souvent retenu l'identité du caporal Jules André Peugeot pour personnifier la première victime du million et demi de Français emportés lors de ce conflit meurtrier, d'autres s'arrêtent sur les noms de Martel et Pecchini car le caporal Peugeot est décédé le 2 août or l'Allemagne a déclaré officiellement la guerre à la France le 3 août. D'autres historiens recensent de leur côté une première victime militaire française le 3 août en Meurthe-et-Moselle. Mais, au fait, posons-nous cette question : que venaient faire ces deux dragons le 7 Août 1914 à Martelange ?

 

En 1870, la France ayant été vite vaincue, on entreprit dès 1874 la construction de forts. Les principales constructions se portèrent sur l'est et le nord-est, car les neutralités de la Belgique et du Luxembourg avaient été respectées en 1870.

 

Suite à l’assassinat de l’archiduc d’Autriche à Sarajevo, les Allemands et les Autrichiens regardèrent surtout vers l'est car la Russie mobilisait pour protéger la Serbie. Le 1er Août, l'Allemagne déclara la guerre à la Russie, mais liée par une alliance militaire avec la Russie la France mobilisa aussitôt le 1er août.

 

Comprenant qu'elle devait alors se battre sur deux fronts, l'Allemagne voulut agir vite. Premier objectif : battre la France rapidement, pour se reporter ensuite sur la Russie. Les Allemands suivirent le plan Schlieffen qui consistait à passer par la Belgique et le Luxembourg et effectuer un mouvement tournant afin d'encercler les forces françaises cantonnées surtout à l'est. Dès le 2 août, les allemands violèrent la neutralité du Luxembourg et le 3 août déclarèrent la guerre à la France. Le 2 août, le régiment du 9e dragons d'Epernay  quittait sa caserne pour "monter" en Belgique.

 

Le 4 août 1914, les Allemands étaient à Rombach-Martelange (Luxembourg) et des éclaireurs passèrent la frontière avec la Belgique. Le lendemain, les premières troupes Françaises arrivaient à Etalle qu'elles allaient occuper jusqu'au 14 août. Le 5 août à 17h00, le capitaine Yvart, adjoint du colonel Claret, commandant du 9e régiment de dragons effectua une reconnaissance automobile vers Florenville, Neufchâteau, Libramont, Bertrix, Bouillon avec retour le 6 août à 5h00 du matin.

 

Le 6 août 1914, à 5 h 30 le 3e escadron partit vers Neufchâteau pour reconnaître les routes vers Martelange, Bastogne. Une automobile, réquisitionnée pour deux officiers s’en alla reconnaître la route nationale 4. Ils rapportèrent que des patrouilles de cavalerie allemande surveillaient la frontière du Luxembourg. Le même jour, il y eut des escarmouches entre Uhlans et hussards.

 

Le Vendredi 7 août à 2h00 du matin  le 3e escadron de Fontenay, précédé par l'automobile réquisitionnée la veille, partit vers Martelange sans rencontrer d'Allemands. Vers 7h30 environ 200 Dragons français passèrent à Radelange. Le drapeau flottait sur l'église et la population fit une ovation à ces cavaliers en pantalon rouge et casque à crinière.

 

A 9 h 45 ce même escadron poussa une reconnaissance  jusqu'à Wolwelange. Des contacts eurent lieu avec des patrouilles allemandes. Celles-ci furent repoussées mais les Français constatèrent que les lisières des forêts étaient occupées par les Uhlans. Sur ordre du capitaine de Fontenay, l'escadron se scinda en deux groupes. Le second, un peloton sous les ordres des Lieutenants de Lassardière et Bertrand fut envoyé vers la route de Bastogne. Le brigadier Georges Martel et le cavalier Henri Pecchini constituaient l'avant-garde de l'escouade. De la ferme familiale le jeune Pierre Kauten, âgé de 8 ans vit alors passer les deux éclaireurs.

 

Entre temps, un petit nombre de cavaliers allemands  traversèrent la route nationale, là où elle fait une grande courbe. Les Uhlans mirent pieds à terre et se postèrent en embuscade dans un petit bois de sapins appelé : "Hinter des Hart". Alors que Martel et Pecchini s’approchaient, sans voir les ennemis, ils furent abattus par une salve tirée à bout portant. L'une des montures fut tuée sur place, l'autre s'échappa et, terrorisée, fut arrêtée, tant bien que mal par le père de Pierre Kauten.

 

Aussitôt, les Uhlans retraversèrent la route et disparurent en direction du Grand-Duché. Les Allemands s'étant retirés, l'escadron de Fontenay pu se diriger vers les lieux. Le brigadier Georges Martel avait été tué sur le coup à 11h00 et le cavalier Henri Pecchini, grièvement blessé, décéda peu après à 12h00. On les avait retrouvés couchés ou adossés aux banquettes du chemin. Les deux Français furent ramenés à Martelange dans la voiture du docteur Malget, chez les religieuses Maristes françaises établies route de Bastogne. Les corps furent ensevelis pieusement au cimetière de Martelange. M. et Mme Spoiden prirent soin de leur tombe jusqu'au moment du transfert des corps en France.

 

Plus tard, Armand Martel, le père de Georges entreprit les démarches nécessaires pour rapatrier le corps de Georges, son fils unique. Comme Pecchini n'avait plus de proches pour réclamer sa dépouille, Armand Martel dans un grand geste de solidarité fit ramener les deux corps à ses frais. Le 3 mai 1921, l'exhumation eut lieu à Martelange en présence de la famille Martel et de nombreuses personnalités. Les deux héros reçurent la médaille Militaire et la Croix de Guerre. Le lendemain, un service religieux eut lieu puis des discours furent prononcés par le Bourgmestre et plusieurs personnalités. Enfin, les corps furent escortés  jusqu'aux limites de la commune où toutes les maisons avaient été pavoisées.

 

Le dimanche  8 Mai 1921, après une magnifique cérémonie funèbre dans l'église de Vaucresson trop petite pour recevoir la foule, les deux frères d'armes furent inhumés. Pour l’Eternité, ils reposent côte à côte dans le caveau de la famille Martel dans le cimetière de Vaucresson (Hauts de Seine).

 

Le 31 Août 1924 à Martelange, un monument érigé à l'endroit où ils avaient été tués. Aujourd’hui encore, on peut y lire l’épitaphe suivante:

 

1914-1918

A L'HONNEUR DE LA CAVALERIE FRANCAISE

EN SOUVENIR

de

MARTEL Georges, brigadier

PECCHINI Henri   Cavalier de Première classe

du 9e régiment de dragons

Les deux premiers soldats Français

tombés sur le sol Belge  le 7 août 1914

sur le territoire de la commune de Martelange

 

Dans le cadre du centenaire de 1914, Le comité du Souvenir Français de Vaucresson a inauguré le 11 novembre 2014 une plaque qui rappelle ces évènements en reprenant l'épitaphe du monument de Martelange. L’inauguration s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités et des descendants de la famille Martel.

 

 

 

 

 

 

Alain Goussard – Président du comité de Vaucresson

 

Grâce aux recherches approfondies du Cercle d'Histoire de Martelange

et aux archives de la famille Martel-Lafosse.

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