Publié le 24 Septembre 2017

Ils sont dix vivants.

Le colonel Fred Moore, Compagnon de la Libération et chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération, est décédé à l'âge de 97 ans. Ce titre, créé par le général de Gaulle, a été décerné pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale.

 

Sa disparition porte à dix le nombre de Compagnons de la Libération encore en vie, sur les 1.036 qui s'étaient engagés au côté de la France libre pendant l'Occupation allemande. Mais, l'Ordre a été exceptionnellement ouvert de nouveau par le général de Gaulle, qui a attribué la croix de la Libération à Winston Churchill (1958) et au Roi d'Angleterre George VI (1960), portant ainsi le nombre définitif des personnes titulaires à 1.038.

 

Pour information, parmi les Compagnons, 270 ont été nommés à titre posthume et 50, déjà Compagnons, sont morts au combat ou en service commandé avant la fin de la guerre. Un peu plus de 700 d'entre eux ont survécu à la guerre. Presque les trois quart des Compagnons de la Libération sont issus des rangs de la France libre et un quart des rangs de la Résistance intérieure.

 

Les dix derniers Compagnons vivants sont :

  • Guy Charmot.
  • Daniel Cordier.
  • Yves de Daruvar.
  • Victor Desmet.
  • Constant Engels.
  • Hubert Germain.
  • Jacques Hébert.
  • Claude Raoul-Duval.
  • Pierre Simonet.
  • Edgar Tupët-Thomé.
Fred Moore, au premier rang (manteau).

Fred Moore, au premier rang (manteau).

Fred Moore.

Né le 8 avril 1920 à Brest, Fred Moore avait été un des tout premiers à avoir répondu à l'Appel du général de Gaulle. Dès le 19 juin 1940 il avait quitté la France depuis Brest et atteint l'Angleterre le 1er juillet 1940, où il s'était engagé dans les Forces Françaises Libres. Il avait pris part à l'expédition de Dakar en septembre 1940 puis servi au Levant au sein d'une unité de Spahis marocains. Il avait débarqué en Normandie le 2 août 1944 avec la 2e division blindée du général Leclerc. Le 25 août 1944, lors de la libération de Paris, il avait pris une part active à la prise de l'Ecole Militaire. Il avait participé jusqu'en avril 1945 aux derniers combats.

 

Ils sont dix vivants.

Djamil Jacir.

L’Association des Familles des Parachutistes SAS de la France Libre a annoncé la mort du sergent-chef Djamil Jacir. Ce parachutiste de la France Libre est décédé à l’âge de 98 ans à l’Institution nationale des Invalides à Paris où il était pensionnaire depuis février 2013.

Djamil Jacir comptait parmi les derniers survivants des parachutistes SAS à avoir participé aux opérations aéroportées en Bretagne à l’été 1944 et à celle des Pays-Bas au printemps 1945. 

Djamil Jacir était né le 29 juillet 1919 à Paris (VIIe). Il s’engage dans l’armée de l’air en août 1939. Affecté au Levant, il rallie les Français Libres en septembre 1941 à Damas. Affecté aux Forces aériennes françaises libres (FAFL), il rejoint le 1er bataillon d’infanterie de l’air (BIA). Breveté Special air service (SAS) le 26 mai 1943 en Angleterre, il est alors intégré au 4e SAS qui deviendra le 2ème régiment de chasseurs parachutistes (RCP).

Le 5 août 1944, Djamil Jacir est déposé dans la région de Locoal-Mendon (Morbihan) par planeur avec deux autres SAS (Pierre Lacaze et Lucien Neuwirth) et une jeep dans le cadre de l’opération Spenser pour libérer la région. Au total, cette opération engage dix planeurs (chacun avec une jeep et trois SAS). Djamil Jacir est blessé par des éclats de mortier le 13 août 1944 lors des combats pour la libération de Nantes. Le 4 avril 1945, Djamil Jacir est parachuté dans la région d’Amherst (Pays-Bas), une opération qui réunit plusieurs centaines de SAS français.

 

Après la guerre, Djamil Jacir reprend sa profession de diamantaire et d’expert en pierres précieuses, devenant un spécialiste reconnu. Il portait à sa boutonnière l’insigne des SAS, une paire d'ailes en diamants.

Le sergent-chef Djamil Jacir était chevalier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite. Il était titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1939-1945 avec cinq citations, dont deux à l’ordre de l’armée, de la médaille de la Résistance et de nombreuses décorations étrangères. Très impliqué dans les organisations d’anciens combattants, il avait fondé l’Association nationale des anciens parachutistes (Anap). Il avait été pendant de longues années commissaire au comité de la Flamme sous l’Arc de Triomphe.

 

Sources :

  • Clichés Alain Bétry.
  • Ordre de la Libération.
  • Journal Ouest France.
  • Journal Le parisien.
  • Institution des Invalides.
  • Site Internet RP Défense.

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Publié le 23 Septembre 2017

Aucune tombe d'un Mort pour la France ne doit disparaître.

Mesdames et Messieurs les Présidents de Comité,

Adhérents et amis du Souvenir français,

 

Le Souvenir Français a pour vocation de maintenir la mémoire de tous ceux qui, combattants de la liberté et du droit, sont morts pour la France, ou l’ont bien servie, qu’ils soient Français ou étrangers.

 

Il a pour mission l’entretien des sépultures et des monuments commémoratifs, l’organisation d’actions de Mémoire pour rendre hommage au courage et à la fidélité de tous ces hommes et ces femmes morts aux champs d’honneur.

 

Il s’agit maintenant de matérialiser cette phrase de notre Président-général, le contrôleur général des armées Serge Barcellini : « Aucune tombe d’un Mort pour la France ne doit disparaître ». Si donc vous voyez ce genre de tombe d'un mort pour la France, faites en remonter l'existence, le lieu et la photographie.

 

Avec mes remerciements pour eux, les morts en voie d'oubli. 

 

Claude Guy

Délégué général du Souvenir français pour les Hauts de Seine.

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Publié le 10 Septembre 2017

Le Chinois de la Légion étrangère.

Dans le cimetière de Vic-sur-Aisne (carré F, tombe 59), une stèle marque la dernière demeure du soldat Ma Yi Pao, mort pour la France.

Au cours de la 1ère Guerre mondiale, six Chinois s’engagèrent dans la Légion Étrangère. Parmi eux, le soldat Ma Yi Pao.

En fait, son nom est Ma Yubao (马毓宝). Né à Kunming (alors Yunnan-sen) en 1894 dans une famille Hui (musulmans chinois) son nom reflète les ambitions que ses parents fondent sur lui (Trésor d’éducation). Il entre au Lycée provincial dans la section industrielle en 1909. Puis il est admis par concours à l’Académie militaire du Yunnan avant de rejoindre en 1912 celle de Nankin grâce à ses études remarquables.

En 1913, il rejoint le soulèvement révolutionnaire du Jiangxi, à Hukou comme Chef de Bataillon. Après l’échec du soulèvement il rejoint l’armée du Yunnan.

En 1915, alors que Yuan Shikai se fait nommer Empereur, la Seconde Armée du Yunnan se mobilise ; Ma est nommé commandant en second du Général Yang Yixian et est stationné à Guilin au Guangxi. Peu après, il regagne le Yunnan comme commissaire au recrutement puis il y devient instructeur à Mongtsé. Là, centre ferroviaire de la ligne du chemin de fer du Yunnan, il fréquente le Consul de France. Aux récits de ce dernier des atrocités germaniques, le jeune capitaine se décide à soutenir l’effort de guerre français.

Le Consul lui ouvre la voie vers Hanoi où il rencontre le Gouverneur Albert Sarraut, et en décembre 1916 il entre dans l’armée française mais ne souhaite que servir à la défense. En février 1917, il est envoyé au Maroc pour faire ses classes au sein du régiment de marche de la Légion étrangère.

Lorsque le « Gouvernement du Nord » déclare à son tour la guerre à l’Allemagne, le Gouverneur du Yunnan via l’attaché militaire de l’Ambassade de Chine à Paris autorise le Légionnaire Ma à rejoindre le front. Ce dernier, le Lt-Général Tang, lui demande de tenir un journal, ce que fit scrupuleusement Ma.

Au front en 1918, il se montre courageux et déterminé. Lors des combats sur l’Ancre, dans la Somme, en mars 1918, il est blessé à la tête par un éclat d’obus. Guéri, il revient à son unité pour participer à la bataille de l’Oise, en juin, où il est gazé et évacué. Soigné à Paris, il reçoit la Croix de Guerre. L’ambassadeur de Chine Hu Weide, tout en reconnaissant son courage et son audace, demande alors pour le préserver qu’il soit affecté à l’arrière comme élève officier. Mais Ma estime que le travail n’est pas achevé et remonte au front. Il est de nouveau atteint et il succombe à de nouvelles blessures à l’ambulance 3/55, à Jaulzy, dans l’Oise, le 2 septembre 1918.

Il est enterré au cimetière de Vic, près de Soissons dans l’Aisne selon le rite musulman.

Une cérémonie funéraire est conduite au printemps 1920 à Kunming, présidée par le Seigneur de la guerre Tang Jiyao, en présence de divers dignitaires chinois et étrangers. Le livre d’honneur comporte des compliments de la part du gouvernement chinois, d’ambassades ainsi que (et surtout) de Sun Yat-sen et Li Yuanhong.

 

 

Sources :

 

  • Cet article a été repris de celui publié par Philippe Fourneraut, pour la Délégation du Souvenir Français de Chine et d’Asie.
  • Nos remerciements et nos salutations amicales à Claude Jaeck, Délégué général.
  • Site Internet « Mémoire des Hommes ».
  • Site Internet « Chemins de la Mémoire ».
  • Archives du département de l’Aisne.
  • Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande guerre, Bayard, 2004.
  • John Buchan, La bataille de la Somme, Thomas Nelson & Sons, 1920.
  • Marjolaine Boutet et Philippe Nivet, La bataille de la Somme, Taillandier, 2016.
  • John Keegan, La Première Guerre mondiale, Perrin, 2003.

 

 

Le Chinois de la Légion étrangère.

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